jeudi 1 avril 2021

MotoGP : Nouveau record de vitesse, il faut très vite ... ralentir

Nouveau record de vitesse en MotoGP aux tests voici 2 semaines pour Zarco, nouveau record le week-end dernier à l'occasion du GP du Qatar, Zarco pulvérise une nouvelle fois les données, 362 km/h au guidon de sa Ducati et tout le joli

petit monde semble admiratif ! (Presse comprise)

Comme disait Coluche "Jusqu'où s'arrêteront-ils ?" Ce n'est pas la 1ère fois que l'on tire la sonnette d'alarme sur les vitesses atteintes en MotoGP, (sans aucun intérêt sportif) on voit visiblement que seul un drame provoquera l’électrochoc pour enfin prendre des mesures. 

Les acteurs des sports mécaniques semblent avoir la mémoire courte. Et aussi l'espèce humaine en général. 

Un peu d'histoire des sports mécaniques. En auto, en 1955, le drame aux 24H du Mans ne pouvait qu'avoir lieu tôt ou tard. Les voitures dépassaient les 220 km/h à quelques mètres des spectateurs assis par terre, au bord de la piste, délirant. 

En rallye auto "WRC aujourd'hui" les fameuses groupe B ont été stoppées après des drames, Toivonen en 86. 

Les Grand-Prix moto, dans les années 70, malgré des chutes mortelles quasi chaque week-end de course, les pistes restent bordées de murs, de balles de paille, de poteaux, etc. L'accident de Monza en 1973, où Saarinen et Pasolini perdent la vie ne provoque toujours pas une réaction des autorités sportives, ou si peu.

A cette époque, chaque fois que les pilotes menacent de ne pas courir, une pression était faite de telle sorte que la plupart reprenaient le guidon la peur au ventre. 

Il y aura un pilote qui obligera les décideurs à réagir, c'est Kenny Roberts sénior, qui, non seulement gagne, mais veut faire améliorer la sécurité des pilotes qui ne doivent pas être des gladiateurs ! 

Le pilote américain entamera un véritable bras de fer avec la direction de la FIM, essayant d'emmener avec lui d'autres pilotes, malgré les pressions sur ceux-ci.

Certains "circuits" meurtriers vont enfin disparaitre, d'autres seront aménagés, les murs reculés, des dégagements agrandis, etc. On ne donnera pas de leçon en France, au Mans, en 1983, Michel Frutschi passe à la Chapelle sous nos yeux, 30sec plus tard, il chute au chemin aux bœufs, et percute un poteau solidement encré au sol !!! Il ne repassera pas. Dans un état désespéré, il décèdera dans la soirée.

Si les pistes ont considérablement été améliorées, une autre donnée arrive, les vitesses de pointe. A l’apogée de la carrière de M Doohan, le puissant 500V4 Honda prenait 300 km/h, avec une "stagnation" de plusieurs années, 302, 303.....avant un dernier pas en avant, 315 au Mugello en 2001 signé Capirossi.

Mais est arrivé, le 1000cc 4 temps, de la catégorie MotoGP en 2002 et sa puissance démoniaque. On parlait de 230 chevaux dès les premières versions. En plus de la meilleur motricité du 4 temps, l'électronique permet d'accélérer plus tôt en sortie de virage, donc favorise la vitesse de pointe. 

En 2003, Capirossi atteint 332 km/h ! Quasi + 20 km/h en 2 ans !

Revenons une seconde à l'auto, en endurance, les plus jeunes n'en ont pas connu les faits, sur la terrifiante ligne droite des hunaudières dans la Sarthe, on voit dans les années 80, les autos à 380, et jusqu'à plus de 400 km/h, jusqu'à un drame, on se souvient un commissaire tué par l'onde de choc d'une voiture qui percute un rail, sans qu'il soit touché !

On construit alors en 1990, 2 chicanes qui "coupe" la ligne droite de 6 kms. On y abaisse ainsi la vitesse de 70km/h.

400km/h dans une auto, était clairement "débilicime", le pilote y est protégé par une carrosserie, des arceaux indestructibles, ce que n'ont pas des pilotes moto. 

Et on entend se "gausser" les acteurs de la MotoGP, qui jusque là, a échappé malgré quelques avertissements, à une catastrophe annoncée !

On se souvient de l'éclatement de plusieurs pneus, dont Loris Baz, (tests Sepang 2016) à moins de 300km/h, de Marquez qui frôle le mur au Mugello, on se souvient de Pirro qui perd le contrôle de sa Ducati à haute vitesse, encore au Mugello, l'accrochage Marquez-Zarco en Australie en 2018, etc, on peut dire que les avertissements n'ont pas manqué.


On attend un nouveau record au Mugello fin mai ?  365 ? 368 ? plus ?

Les solutions pour calmer la course à l'armement sont nombreuses, il doit y avoir concertation des différents acteurs, FIM, constructeurs, pilotes, teams, managers, organisateurs, etc.

On ne perd pas de vue que le sport moto est et restera dangereux, avec des risques. 

Pour éviter les drames prévisibles, il faut agir la veille, pas le lendemain... On en vient à se poser une question, lequel de nos "gladiateurs des temps modernes" va payer ?