vendredi 11 décembre 2020

MX : Parlons sécurité

Le motocross, par définition, est un sport à risque, et quoique l'on fasse, le restera. Voilà qui plante le décor du dossier que l'on ouvre. Nous ne sommes pas dans une activité "danse de salon", tous les acteurs autour de cette discipline le savent, les pilotes en premier.

Mais est-ce une raison pour assister sans rien faire au véritable carnage que l'on voit depuis une bonne dizaine d'année. Le nombre de blessures, leur fréquence et leur gravité, devrait interpeler les autorités.

Car, certaines blessures ont des conséquences dramatiques, peut-on réduire les risques, la réponse est OUI. Pour cela, il faut travailler sur les règlements techniques et sportifs, le tracé des pistes, le lieu des pistes, la protection des pilotes. etc.

Rappelons nous que la vitesse, MotoGP aujourd'hui, a été dans les années 70-80, une véritable hécatombe, et même un peu plus tard, il a fallu des actions fortes des pilotes et des drames successifs pour qu'enfin, la FIM prenne des mesures draconiennes. Kenny Roberts Sénior a beaucoup fait à son époque, malgré les foudres qui s’abattaient sur lui.

Revenons au motocross fin des années 70. On a compris que la puissance d'un moteur ne ferait pas tout, les suspensions sont la solution pour aller plus vite. On assiste alors à une véritable révolution  technique, les débattements s'allongent, les diamètres de fourche augmentent, chaque GP amène son lot de nouveautés. On voit arriver dans le même temps, des freins à disque, des refroidissements liquide, etc. En 4-5 ans, les motos n'ont plus rien à voir avec leurs "ancêtres" !

 

A cette époque, l'équipement des pilotes évolue aussi beaucoup. Début 80, les pilotes sont protégés de partout. Chevilles, genoux, hanches, coudes, épaules, clavicules, un plastron devant le torse pour les projections (pare-pierre), le bas du dos reste encore assez mal protégé, juste une ceinture. Les cervicales restent le point névralgique.

Et aujourd'hui ? Si chevilles, tibias, genoux sont bien protégés, les pilotes roulent avec les coudes à l'air libre, juste le maillot, les épaules et clavicules non protégées. Et on voit la plupart des pilotes avec le bas du dos également à l'air, inadmissible. Pour les cervicales, le Leatt  Brace ne s'est finalement pas généralisé.

 

Voici quelques années, les 2 frères Aubin ont roulé avec un plastron dorsal qui descendait  jusqu'au bas des vertèbres, équipement aujourd'hui disparu. 

Julien Lieber s'est détruit un coude en chutant en Allemagne en 2019, il n'a jamais pu s'en remettre et s'est retiré de la compétition. On peut penser qu'avec une protection adaptée, la fracture pouvait être évitée, ou être moins grave. Des exemples comme cela, on peut hélas en aligner quelques-uns. 

Dans les situations gravissimes, on se rappelle, Axel Alletru, Joel Roelants, dernièrement, Brian Moreau, cette fois en SX.

On se souvient avoir vu il y a peu, un pilote chuter sur le béton, dans des grilles, à Assen, inadmissible, Desalle avait bien tenté d'alerter, de s'en plaindre, mais il s'est fait rabrouer. 

Les vitesses au tour continuent chaque nouvelle saison peu à peu d'augmenter, les 4 temps ont amené une motricité redoutable, l'électronique sur la roue arrière va aussi en ce sens, etc..

Ce que l'on voudrait voir, c'est autour d'une table, tous les acteurs du MX, la FIM, le promoteur, des organisateurs, les marques, les managers des Teams, petits et grands, des pilotes, pour apporter des idées sur ce qui peut être fait dans un seul but, diminuer les risques.

Il y a plein d'idées à explorer :

La durée des manches a été diminuée, obligeant les pilotes a rouler très fort dès le début, est-ce bien ? 

La puissance des motos est devenue phénoménale, faut-il réduire ? 

Les pneus peuvent-ils être une piste ? 

L'arrivée de électronique est-il un bien ? 

Faire rouler 6-8 manches le même jour défonce beaucoup trop la piste, est-ce bien ? 

Doit-on imposer des protections supplémentaires aux pilotes, dos, coudes, etc ? 

Les abords de pistes bétonnés sont-ils acceptables ?

On voit des départs bien tracés, d'autres très dangereux ? 

Doit-on passer par une allocation d'un nombre max de moteur pour calmer la course à l'armement ? 

Voici une liste non exhaustive...

On est passé cette année à coté de nouveaux drames, ex, Herlings, Jasikonis, pour ne citer que les plus connus.

Va-t-on attendre un nouveau drame ?